lundi 14 novembre 2016

Iris

Un film de Jalil Lespert
Scénario et adaptation de Jalil Lespert et Jérémie Guez

Avec Romain Duris (Max Lopez), Charlotte Le Bon (Claudia), Jalil Lespert (Antoine Doriot), Camille Cottin (Nathalie Vasseur), Adel Bencherif (Malek Ziani), Sophie Verbeeck (Nina Lopez)...

Sortie le 16 novembre 2016

L’histoire : Iris, la femme d’Antoine Doriot, un riche banquier, disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait bien être lié à son enlèvement. Mais les enquêteurs sont encore loin d’imaginer la vérité sur l’affaire qui se déroule sous leurs yeux…

Mon avis : Après Yves Saint Laurent, Jalil Lespert reste dans le domaine de la haute couture mais, cette fois, dans le registre du thriller. Non seulement le scénario d’Iris, c’est du cousu main, mais il nous livre une marchandise de luxe au niveau de la photo, de la lumière et des décors, tous incroyablement léchés.


Iris, c’est surtout et avant tout une histoire. Une histoire qui nous prend aux tripes dès le début et qui ne nous lâche plus pendant 1 h 40. Climat angoissant, musique oppressante (elle contribue vraiment à rendre les sensations encore plus stressantes) et distribution impeccable… Le scénario, machiavélique à souhait, joue délicieusement avec nos nerfs. Lespert utilise très habilement le procédé du flashback pour nous permettre de revenir dans le bon chemin… avant de nous embarquer sur une nouvelle (fausse ?) piste. En clair, il nous balade tout le temps. Et c’est franchement très éprouvant.
C’est Hitchcock qui aurait réalisé un film sur un scénario bien tordu de Harlan Coben.


Ce film est d’une esthétique remarquable. La beauté des images va jusqu’à rendre le glauque sublime, à le magnifier. Il est vrai que l’on évolue dans un univers friqué dans lequel Antoine Doriot (Jalil Lespert), grand patron, est comme un poison dans l’eau. A travers lui, nous avons l’expression du pouvoir sulfureux de l’argent et du sexe, de l’argent sur le sexe…

Les acteurs sont véritablement épatants. Jalil Lespert campe un homme riche et puissant, habitué à ce qu’on lui obéisse. Apparemment, rien ni personne ne peut lui résister. C’est un animal à sang froid, un prédateur pragmatique et méprisant, un joueur d’échecs qui a toujours un coup d’avance sur ses éventuels adversaires. Malheur à qui veut l’affronter… Max Lopez (Romain Duris), est tout son contraire. C’est un besogneux, un revanchard à qui la vie n’a pas fait de cadeaux. Jouet d’une aventure qui le dépasse, il est d’abord comme un insecte pris dans une toile dont il ne soupçonne pas la dangerosité. Mais quand un homme comme lui, qui n’a pas grand-chose à perdre, se retrouve le dos au mur, il peut trouver des ressources inattendues… 


Quant à Charlotte Le Bon, avec le personnage de Claudia, elle a hérité d’un rôle aussi complexe que magnifique. Elle a, bien involontairement, l’art de semer le doute. Qui est-elle vraiment ? Manipulatrice ou victime ? Elle nous offre là une superbe composition. Fragile et forte, intense, la densité de son jeu lui fait franchir un palier. Elle n’est plus seulement une belle fille, elle devient sous la direction de Jalil Lespert un comédienne avec laquelle il va désormais falloir compter.
Il faut également mettre en exergue la prestation subtile de Camille Cottin en policière accrocheuse, un peu désabusée et fataliste, mais terriblement pugnace.


Gilbert « Critikator » Jouin

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