mercredi 22 juillet 2015

Un mariage est si vite arrivé

Les Feux de la Rampe
34, rue Richer
75009 Paris
Tel : 01 42 46 26 19
Métro : Cadet / Richelieu-Drouot / Grands Boulevards

Une comédie de Laurence Bru
Mise en scène par Christian Garcia Reidt et Laurence Bru
Avec Estelle Simon (Claire), Patrick Mancini (Laurent), Gigi Ledron (Hélène), Frédéric Anscombre (Marc)
Costumes de Chattoune

Présentation : En voyage à Las Vegas, Claire épouse Laurent sur un coup de foudre. Mais elle ignore qu’il est le frère de Marc, son compagnon actuel. Heureusement, Claire peut compter sur la complicité de sa sœur Hélène…

Mon avis : Voici une pièce qu’il fallait avoir l’audace – ou l’inconscience – d’écrire car elle ne repose pratiquement sur rien de crédible. Et pourtant… Et pourtant, on se laisse vraiment prendre au jeu. Tout cela grâce à un texte et à des dialogues fort bien écrits et à la conviction que mettent les comédiens pour nous faire croire à cette histoire extravagante.
Le pivot de cette comédie romanticomique, c’est Claire. C’est une idéaliste, elle rêve donc d’absolu et l’occasion lui est donnée de vivre son fantasme de jeunesse lors d’une escapade à Las Vegas, la ville des mariages express. Dès lors, elle va dicter sa loi à un entourage qui la sait imprévisible et excentrique (et l’aime pour ça), c'est-à-dire à son compagnon Marc, à sa sœur Hélène et, évidemment, à son mari d’un jour.

Vu comme ça, on nage déjà en plein imbroglio. Mais l’auteure s’est ingéniée à ajouter encore de l’improbable à l’inimaginable (je vous en laisse la surprise)… Lorsqu’on est un tantinet cartésien, il faut l’accepter ce postulat surréaliste et ses tiroirs gigognes ! Entre son envie de franchise et des mensonges obligatoires, Claire, qui porte bien son prénom, va utiliser sa folle énergie à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Le pire, c’est que l’on prend du plaisir à se laisser berner.
Laurence Bru, l’auteure, a réussi l’exploit de faire du marivaudage avec une situation cornélienne. Alors qu’on devrait être en plein drame, on navigue sans cesse entre humour et légèreté. L’écriture est si précise qu’elle souffle un air de véracité. On se dit : « pourquoi pas, après tout ? » ; pourquoi une telle philosophie de vie ne serait-elle pas projetable dans la réalité ? Même si on sait d’avance qu’elle ne peut s’appliquer que sur du court terme…

Dès que les quatre protagonistes sont réunis, on passe notre temps à se demander comment tout cela va-t-il pouvoir se conclure. Or, à l’instar de Claire, son héroïne, qui a horreur que les choses aient un terme, il n’y a pas de vraie fin. Tout reste ouvert à notre imaginaire… 
J’insiste vraiment sur la qualité du texte, d’autant qu’il est parfaitement servi par un quatuor tout à fait impliqué, donc convaincant.
Cette pièce, dont le sous-titre pourrait être « 24 heures de la vie d’une flamme », plaît évidemment surtout au public féminin, en grande majorité dans la salle. Les libertés que prend Claire avec les conventions et le socialement correct sont effectivement attirantes et donnent envie de les vivre.
Un mirage est si vite arrivé…


Gilbert « Critikator » Jouin

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