mercredi 5 novembre 2014

Les Aventuriers de la Cité Z

Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 90 00
Métro : Havre-Caumartin / Auber

Une comédie d’aventures de Frédéric Bui Duy Minh, Cyril Gourbet, Aymeric de Nadaillac
Mise en scène par d’Aymeric de Nadaillac
Costumes de Martine Bourgeon
Scénographie de Cyril Gourbet
Musique de Fred Ambrosio
Animations de Damien Garavagno
Avec Sara Lepage (Joan Fawcett), Cyril Gourbet (Jack Beauregard), Aymeric de Nadaillac (Spountz, Ahmed, Kong, Pépito; etc…), Loïc Trehin (Charles Valette, Lady Mc Guffin, Grand Précieux, Howard Carter, etc …)

L’histoire : En 1925, le célèbre explorateur anglais Percival Harrison Fawcett disparaît mystérieusement dans la jungle amazonienne alors qu’il venait de découvrir la Cité Z, ultime vestige su mythique Eldorado. Dix ans plus tard, sa fille Joan part à sa recherche en compagnie de Jack Beauregard, un aventurier français un brin mythomane, tout autant intéressé par l’or des Incas que par le charme de la jeune femme. Mais ils ne sont pas les seuls à convoiter ce fabuleux trésor…
Au travers de 16 personnages et de 26 décors différents, cette comédie d’aventure trépidante à la Indiana Jones, inspirée d’une histoire vraie, vous fera voyager aux quatre coins du monde.

Mon avis : Qu’est-ce que j’ai ri !!! Pendant une heure et demie non stop. Pendant une heure et demie, j’ai eu 10 ans. Toute la salle avait 10 ans.
Il est impossible de garder son quant-à-soi devant un tel délire, devant une telle profusion de gags. Il y a en un toutes les 20 secondes, qu’il soit visuel, verbal ou sonore. Les Aventuriers de la Cité Z est un spectacle total. Totalement déjanté et totalement jubilatoire.


Je le place très, très haut dans ce registre du burlesque. C’est un peu comme si Hergé avait pris les Monty Python comme scénaristes d’un de ses albums. Ce spectacle emprunte en effet autant à la BD qu’au cinéma. A la BD pour le graphisme de ses décors, en ellipse aussi pour décrire une action irréalisable sur une scène de théâtre, et même avec l’utilisation de bulles pour illustrer un tableau.
Et au cinéma parce qu’il contient tous les clichés du film d’aventures. On pense bien sûr à Indiana Jones, mais aussi à OSS 117 version Hazanavicius ou A la poursuite du diamant vert. On y retrouve tous les ingrédients : suspense, courses-poursuites, cascades, bagarres… Et on ne lésine pas sur les effets spéciaux. Quel budget ! Train, avion, moto, bateau, pirogue, hydravion… Animaux sauvages, vent, brouillard, chutes d’eau, ralentis, travellings, bruitages, ombres chinoises, mime, charades muettes, accents, chorégraphies, anachronismes savoureux, clins d’œil à l’actualité, jeux de mots pertinents… Et en plus on nous fait voyager à travers le monde : France, Ecosse, Egypte, Tibet, Pérou… Exotisme garanti.


J’ai rarement vu des gens applaudir spontanément PENDANT une scène, tant ils se devaient de manifester immédiatement leur enthousiasme et leur joie. Sans compter les hoquets et les hurlements de rire, les fous-rires incontrôlés. Cité Z, « Z » comme zygomatiques. Car ils sont très éprouvés nos petits muscles malaires.

Difficile des rester sobre et concis pour rapporter le plaisir que l’on a en assistant à une telle folie parodique. J’ai tout aimé. Très friand de burlesque, j’ai été comblé au-delà de mes exigences en la matière. Ils osent tout, les bougres. Ce spectacle est du niveau de l’adaptation théâtrale des 39 marches, c’est dire. Il repose sur les mêmes ressorts mais avec ses propres inventions, ses trouvailles, son texte et ses acteurs. Et quels acteurs !
Pour ce qui les concerne tous les quatre, le mot « performance » n’est pas galvaudé. Leur prestation est très physique, voire parfois athlétique. Ils ne s’économisent pas un seul instant sans jamais perdre de vue leur mission : nous faire rire. Ils sur-jouent volontairement, apportant ainsi un côté cartoonesque à certaines situations. Les dialogues sont vifs, parfois très subtils, parfois complètement potaches. Peu avares de postures nettement appuyées, ils ont un art consommé du visuel. Mais il n’y a pas que nos yeux qui en prennent plein la vue, nos oreilles aussi sont joyeusement alimentées de dialogues saugrenus, de phrases alambiquées, de répliques loufoques et d’allusions grivoises.


Les quatre comédiens sont absolument épatants. On ne peut pas les dissocier dans les louanges. Ils sont les rouages parfaitement huilés d’une mécanique imparable. A fond au service de leur(s) personnage(s), ils savent tout faire, tout jouer ; avec une générosité qui ne faiblit jamais. Imaginez par exemple que Sara Lepage, qui incarne Joan Fawcett, pousse le perfectionnisme jusqu’à en arborer de fort jolies, des fossettes… Un tel professionnalisme force le respect.
Ils sont vraiment excellents tous les quatre. Il faut saluer les trésors d’imagination et la somme de travail qu’il leur a fallu en amont pour réaliser un divertissement aussi abouti à tous les niveaux. Car il n’y a pas que leur jeu qui est hallucinant, il faut tenir compte aussi d’une bande-son très pointue et de l’avalanche de gags et d’effets spéciaux dont j’ai parlé plus haut. Ceci dit, une avalanche au Tibet…

Or donc, allez-y, emmenez vos enfants, emmenez vos parents. Ce spectacle est totalement intergénérationnel. Chacun y trouvera son compte quel que soit son âge. Ce voyage en Absurdie est une véritable parenthèse enchantée. A voir absolument. Ce spectacle va vous insuffler de la bonne humeur au moins jusqu’au printemps prochain.


Gilbert « Critikator » Jouin

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