jeudi 3 octobre 2013

La Madeleine Proust, une vie

Quand j’étais p’tite (1925-1939)
De Lola Sémonin
Editions : Pygmalion
459 pages. 19,90 €

Cela fait trente ans que Lola Sémonin a enfanté la Madeleine Proust, trente ans qu’elle se glisse dans ses informes robes à fleurs, qu’elle prend l’accent si pittoresque du Haut-Doubs, et qu’elle la fait vivre sur scène. Comme la poule et l’œuf, la fusion est telle entre les deux femmes qu’on s’emmêle un peu les pinceaux pour savoir qui de la Madeleine ou de la Lola était avant l’autre… Toujours est-il qu’à grands coups de réalisme, Madeleine Bobillier veuve Proust s’est mise à exister. Et l’héroïne a vampirisé son auteure.

Lola n’y a pas mis le holà. Au contraire. La Madeleine étant devenue de plus en plus prégnante, de plus en plus réelle, qu’il lui a semblé tout à fait naturel de raconter sa vie. Et comme, mine de rien, la Madeleine a souffloté ses 88 bougies au printemps dernier, sa vie ne pouvait que se narrer en tranches.
Quand j’étais p’tite, qui couvre les quatorze premières années de la Madeleine (1925-1939) est donc le premier tome de la saga Proust. En 459 pages, Lola Sémonin se révèle être une franche conteuse. Cet ouvrage se lit comme une chronique de la vie dans le Haut-Doubs pendant l’entre-deux guerres. Le style est alerte, vivant, habité par des personnages hauts en couleurs et truffé de dialogues truculents. Quand on le lit, on entend l’accent. Par exemple, On n’écrit pas « Besançon », mais « B’sançon »…

En tout cas, c’est là une excellente idée que de prolonger sur papier une existence née sur scène. Mad’leine est un vrai personnage. Elle entre aujourd’hui de plain-pied avec ses petits sabots de gamine dans la littérature. Et, déjà, on a hâte de savoir ce qui va se passer pendant son adolescence. On la quitte heureuse et amoureuse. Mais nous sommes en 1939 et, c’est de son âge, elle ne s’en soucie guerre…

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