mercredi 10 novembre 2010

Alex Lutz


Le Temple
18, rue du faubourg-du-Temple
75011 Paris
Tel : 01 43 38 23 26
Métro : République

Ecrit par Alex Lutz
Mis en scène par Sylvie Joly et Tom Dingler

Ma note : 7,5/10

Mon avis
: Fiat Lutz ! Que la lumière brille !...Locution latine qui va à ravir à Axel Lutz tant ce garçon à la chevelure blonde, au large sourire éclatant et au regard joyeux est lumineux…
Je l’avais découvert au Point Virgule il y a environ deux ans et je l’avais déjà fort apprécié. Cette fois, Alex Lutz se produit au Temple, et j’ai pu mesurer combien il avait pris de l’aisance et de l’assurance. Dès qu’il déboule sur scène, on le voit très heureux de s’y trouver et son envie de partager son plaisir est on ne peut plus communicative. Le garçon est généreux. Il est évident que c’est un partageur. Il est là pour s’amuser avec nous. Il s’intéresse vraiment à son public, il veut lui donner le meilleur. C’est un artisan du rire, dans le sens le plus noble du terme.

Il va falloir désormais compter avec lui. Alex Lutz, c’est du haut niveau (« high level » pour les Alsaciens). Il a un sens inné du comique, de la mimique la plus expressive à la gestuelle la plus volontairement improbable. Il est à l’aise dans tous les registres, ce qui lui offre un éventail de jeu les plus subtils et les plus larges. Dès qu’il endosse la personnalité d’un de ses personnages, le mimétisme est effarant… Ce directeur de casting, sorte de Pascal Sevran survolté (c’est dire !) est criant de réalisme loufoque. Surexcité, tyrannique, odieux, il nous sort des formules à l’emporte-pièce qui nous ravissent. En plus, comme il en est la victime, l’effet sur nous est d’autant plus fort. Alex Lutz est un observateur-né de la nature humaine. Il alterne intelligemment les sujets possédant un peu de fond tout en les détournant la plupart du temps de leur fonction première avec une galerie de portraits fascinants. Autant notre casteur est exécrable, autant l’électricien qu’il dépeint est attachant. Enervant, mais attachant. Humain, quoi, avec sa gentillesse un peu niaise, son phrasé au ralenti et ses étonnements de gamin. C’est un très beau personnage.
Un peu plus tard dans le spectacle (devant une salle comble un mardi soir…), il nous incarne deux autres spécimens particulièrement gratinés ; et agités. Un papy tout tremblotant, perclus d’arthrite, à la voix chevrotante, mais débordant d’énergie en dépit des désirs d’indépendance incontrôlables de certains de ses membres… Et une ado elle aussi sur-vitaminée, une rebelle à la petite semaine, qui se fait son cinéma et en profite pour offrir une séance gratuite à se copine qui est sa seule spectatrice. Un moment de choix !
Entre temps donc, Alex Lutz s’amuse à banaliser la fonction d’acteur du X via la gestion de son planning. Absolument savoureux. Il évoque les malentendus de la petite enfance, les questions idiotes, les réflexions métaphysiques (« J’aimerais pas être une femme… ») qu’il illustre à grands renforts d’exemples concrets, il décortique certaines expressions communes au pied de la lettre… C’est à se tordre. C’est confondant de justesse, il joue avec des évidences, et il fait mouche.

Alex Lutz nous propose un spectacle riche et varié, très bien écrit, remarquablement joué. Il se dégage de lui une vraie sympathie, une indéniable chaleur humaine, et beaucoup de charme. Il ne galvaude pas son travail. Il respecte son public. La preuve ? Le soir où je m’y trouvais, il s’est planté dans la formulation de son sketch sur les flashes info. Nous, on ne s’en était même pas rendu compte. Il était déjà bien marrant en l’état. Et bien, il a tenu à nous le restituer dans sa parfaite déclamation juste avant son dernier sketch. C’est quasiment du jamais vu.
En deux ans, il est passé d’artiste prometteur à valeur sûre. On n’a pas fini d’entendre parler de lui car on sent qu’il en a encore beaucoup sous la semelle.

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