lundi 7 décembre 2009

Christophe Alévêque est Super Rebelle


Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin-Roosevelt
75008 Paris
Tel : 01 44 95 98 21
Métro : Champs-Elysées Clémenceau / Franklin-Roosevelt

Spectacle écrit par Christophe Alévêque
Mis en scène par Philippe Sohier
Musiciens : Maxime Perrin (accordéon et cor), Francky Mermillod (guitare), Julien Bonnard ou Stéphane Sangline (batterie et trompinette)

Ma note : 7,5/10

Mon avis : Il est 15 heures. C'est, je crois, l'heure des vêpres. Une drôle de messe va être dite par Alévêque dans le temple du Rond-Point. Mais cet Alévêque-là, on ne peut pas lui donner le bon Dieu sans confession. D'abord, il n'en voudrait pas, et ensuite, cela irait diamétralement à l'encontre de sa propre religion : la rébellion.
"Saint" Christophe s'autorise donc une entrée en fanfare. Enfin, une entrée en deux temps car il a un peu de retard à l'allumage au grand dam de ses trois musiciens. Trois musiciens dont il faut tout de suite saluer la présence, discrète certes, mais toujours judicieuse car elle permet à notre trublion de se livrer en leur compagnie à quelques saynètes bien décapantes. En plus du fait, bien sûr, qu'ils sont tous trois d'excellents instrumentistes... Or donc, le Christophe s'autorise une entrée qui, loin d'être magistrale, est particulièrement croquignolette. Nous ne sommes pas dans une superproduction américaine, nous ne sommes pas dans Superman. La panoplie de Super Rebelle, quoique fort seyante, n'est pas extrêmement glamour. Mais elle en jète ! Une cape rouge vif doublée d'un jaune on ne peut plus lumineux, un slibard quasi kangourou rouge et jaune, maintenu par un gros ceinturon dont la boucle est ornée des lettres magiques "SR". Hélas, en dépit de cette tenue voyante à défaut d'être affriolante, notre pseudo super héros nous apparaît plutôt mou du genou. Il est démoralisé, désabusé. Et il nous explique les raisons profondes de ce désanchantement. C'est vrai qu'il n'y a pas vraiment de quoi se réjouir dans la conjoncture actuelle. Mais, en bon diésel, en énumérant les nombreux dysfonctionnements de notre société, il commence à s'échauffer et, ponctuant ça et là ses constatations de ses fameux petits ricanements, il se fait de plus caustique, de plus en plus virulent, bref, de plus en plus rebelle. Et sa mauvaise foi chronique fait le reste. Alors il ratisse large : l'argent, Internet, la religion, les dérèglements climatiques, les progrès de la médecine qui nous permettent de vivre de plus en plus vieux... Et il en arrive tout naturellement à évoquer la figure la plus emblématique de tous les humoristes, l'aubaine pour tous les caricaturiste, le président "Zébulon" Sarkozy. Un important chapitre lui est consacré. Dans la salle où, apparemment, suite à un sondage éclair de Super Rebelle, personne n'a voté Sarko (!), c'est la communion. Dans le public, les épaules tressautent à l'unisson de celles du président croqué, phénomène inattendu et pittoresque de mimétisme involontaire.

Et puis, en ex-obsédé, Christophe réclame un "Grenelle du sexe" et, qui dit sexe dit enfants, il en vient tout logiquement à à un long exposé sur l'éducation. Une éducation totalement phagocytée par les éctits de Françoise Dolto. Ce sketch, subtilement émaillé par les interventions opportunes des musiciens, sent énormément le vécu. "Avez-vous essayé d'aller visiter un musée en compagnie d'un ado et d'un pré-ado ?" s'enquiert-il l'air malheureux.
Vient enfin le moment très attendu de la revue de presse au cours de laquelle Christophe Alévêque, débarrassé de sa tenue de Super Rebelle, se livre à une autopsie de l'actualité on ne peut plus décapante. Tout y passe - il faut bien avouer qu'il y a de la matière -, les affaires (Polansk,Frédéric Mitterrand, Marine Le Pen), la grippe A H1N1, Doménech, Jean Sarkozy, dit "Blonblon", Carla, la Gauche...) C'est confondant de justesse et de perspicacité.

Christophe Alévêque est sans doute actuellement, le seul humoriste à oser aller si loin dans sa dénonciation de tout ce qui dérape et déconne dans notre monde. Sans concession, il assène ses vérités avec une mâle assurance dénuée, il faut le souligner, de toute agressivité, de toute méchanceté gratuite. Il dénonce. Point. De toute façon, il serait difficile d'en rajouter tant les sujets foisonnent. Que ça fait du bien d'en rire alors qu'il y a hélas tant de raisons d'en pleurer !
Enfin, on le sait, Christophe Alévêque qui, au départ, voulait être chanteur, ponctue son spectacle de quelques chansons bienvenues qui nous permettent d'apprécier son joli timbre de voix et ses réelles aptitudes dans ce domaine. Impossible de ne pas chanter avec lui et reprendre à l'unisson la chanson de fin, une chanson dont, à l'instar du bout de sparadrap du capitaine Haddock, vous aurez énormément de mal à vous débarrasser car elle vous trottera dans la tête jusqu'à la fin de la journée...
Une dernière chose : il ne reste plus que quatre représentations pour aller applaudir Super Rebelle au Rond-Point, les samedis 12 et 19 décembre à 15 heures, et les dimanches 13 et 20 décembre à 18 h 30.

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