vendredi 19 juin 2009

Vérino


Théâtre de Dix Heures
36, boulevard de Clichy
75018 Paris
Tel : 01 46 06 10 17
Métro : Pigalle

Ma note : 7/10

Mon avis : J’ose – mais on a dû le lui faire des dizaines de fois – cette annonce en forme de slogan : In Vérino véritas parce que Vérino, c’est rosse ! Mais pas féroce ». Je sais, c’est facile, mais ça convient parfaitement au spectacle que ce jeune homme nous propose pendant tout l’été au théâtre de Dix Heures.

Vision globale du garçon : son gabarit pas vraiment imposant cache un véritable athlète plein d’énergie et de tonicité. Il suffit de voir son entrée en scène tonitruante. Quand il saute, il tient vachement longtemps en l’air, défiant les lois de l’apesanteur. Et quand il parle, il attire vachement l’attention, défiant les lois de la pesanteur. Vérino est un être exquis, éminemment sympathique, qui n’hésite pas pourtant à balancer grave et à se livrer à quelques incursions réjouissantes du côté de l’humour noir (son premier sketch sur Jean-Noël-le-dépressif en est le meilleur exemple). Mais il affiche un sourire tellement craquant qu’on l’absout avec indulgence de toutes ses férocités. Il ne fait même pas sale gosse ! Il est plutôt bien élevé, poli, il raconte avec une vibrionnante volubilité et forces détails cocasses de banales situations de notre quotidien (les files d’attente à la Poste, à la FNAC au Pôle Emploi…) qui démontrent un sens très aigu de l’observation de ses contemporains. Et comme, en plus, non seulement il bouge remarquablement bien, mais il distille avec un réel brio des mimiques et une gestuelle dignes à la fois du Mime Marceau et d’un cartoon de Tex Avery, il nous offre un spectacle vraiment complet (sponsorisé par Pépito ?), sans temps mort et physiquement très dynamique. On ne s’ennuie pas une seule seconde.

Vérino est aussi très joueur. Il entame un dialogue avec le public, quémandant son approbation sur les comportements si différents des garçons et des filles, faisant approuver la valeur de tel ou tel jeu de mot… Très moqueur avec la gent féminine, il adore choquer et faire monter les murmures réprobateurs pour aussitôt les étouffer avec son charme presque enfantin. C’est un vrai charmeur qui a l’art de se mettre tout le monde dans la poche. Au passage, il se livre à quelques digressions sur le quartier où se trouve le théâtre qui l’héberge, Pigalle ! Quartier propice à tous les fantasmes et à toutes les turpitudes plus ou moins avouables.
Le soir où je m’y trouvais (la salle était pleine), deux mouches espiègles et sans gêne sont venues perturber le spectacle en voletant impudemment de la salle à la scène. Et bien il s’est servi de cet avatar pour improviser un sketch tenant à la fois de la BD et du safari. Un véritable bonus !
Enfin, il faut mettre en avant une bande-son et des bruitages d’autant plus efficaces qu’ils ne sont pas omniprésents et qu’ils sont utilisé à bon escient (pas mal la veste Hi-Fi…)

Vérino nous propose donc pour tout l’été un spectacle aussi rafraîchissant que le célèbre jet d’eau de la place Pigalle. Il a trouvé sa place à lui dans notre panorama humoristique, prouvant que l’on peut faire rire de bon cœur sans être méchant ou cynique. Ça fait du bien et ça met tout le monde de bonne humeur. Un garçon à suivre…

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