vendredi 19 juin 2009

Le Grand bain


Théâtre Michel
38, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 35 02
Métro : Havre-Caumartin / Auber

Une comédie de Clément Michel
Mise en scène par Stéphane Boutet
Avec Aurélie Bargème, Vanessa Guide, Maud Le Guenedal, Yannick Mazzilli, Clément Michel, David Roussel

Ma note : 7/10

L’histoire : Six amis et un bébé ont loué une maison de vacances sous le soleil du Luberon. Problème, la piscine est très grande, très belle, très profonde… mais très vide ! Qu’est-ce qu’on fait quand il n’y a pas d’eau ? On plonge, on coule, on flotte… ? Le Grand Bain est une comédie sur l’amitié qui prend l’eau, sur les vacances qui partent en eau de boudin et les petits baigneurs en larmes…

Mon avis : Le Grand bain pourrait –devrait – être un des succès rafraîchissants de cet été. On en a vu beaucoup de ces types de pièce qui mettent en présence plusieurs couples de trentenaires, a priori amis, mais qui, confrontés à des difficultés soudaines, révèlent leurs vrais caractères. Tout réside donc dans le ton, les dialogues et, évidemment, dans les acteurs. Dans ces trois domaines, rien à dire, c’est plutôt réussi.
Dans un joli décor, bucolique à souhait, qui fleure bon le Luberon (il ne manque que les senteurs de lavande) où fauteuils et transats reposent sur une tendre pelouse, on va découvrir au fur et à mesure de l’intrigue les trois couples qui vont s’affronter sur fond d’absence de piscine ; ou plutôt, sur fond d’absence d’eau dans la piscine. Car la piscine elle est bien là, mais elle est désespérément vide ! Et quand chacun est venu uniquement en raison de cet imparable argument de location, le constat est plutôt saumâtre. Et chacun réagit en fonction de son tempérament.

Il y a le couple formé par Gégé (c’est le diminutif d’une dame) et Franck. Elle est gentiment bébête et facilement hystérique. Lui, c’est un leader. Il est autoritaire, obsédé par son boulot, l’oreille en permanence scotchée à son portable qui, hélas pour lui, capte mal dans cette région « déshéritée »… Bref, il est considérablement agaçant mais, en même temps, c’est un peu lui qui prend les choses en mains pour régler le problème piscinicole avec le propriétaire-loueur…
Autre couple, celui composé de Pierre et Sabine qui sont venus, eux, avec leur bébé. Autant la jeune femme s’avère un tantinet emmerdeuse, capricieuse et égocentrique, autant son mari est un garçon doux, positif et conciliant. Bonne pâte, il fait son possible pour éteindre le moindre départ de feu de broussailles dans les relations entre les uns et les autres et, surtout, pour préserver une relative harmonie dans son couple. Ce qui n’est pas la tâche la plus aisée qui soit avec la Sabine !
Enfin, reste les deux célibataires, Fabienne et Damien qui, dans un passé proche, ont vécu ensemble une idylle. Ils sont donc des ex l’un pour l’autre, chose qui ne facilite pas leurs rapports plutôt fielleux. Fabienne est une détestable misanthrope, prétentieuse et cynique. Quant à Damien, sous des apparences cool, il ne tarde pas à dévoiler sa vraie nature : pique-assiette, radin, profiteur, hypocondriaque et parano… Beaucoup pour un seul homme !

Alors, vous mettez ces six personnages dans un shaker, vous le secouez, vous le portez à ébullition et, comme il n’y a pas de piscine pour le refroidir, vous pouvez imaginer les dégâts collatéraux qui peuvent en sortir quand on soulève le couvercle… Le Grand bain est une pièce habilement construite car elle ne fait que monter en puissance. Ça vanne sec, les dialogues sont cinglants, les personnages sont extrêmement bien typés et dessinés. Plus les nerfs sont portés à vif, plus les rapports sont exacerbés, plus la tension monte. Alors les choses se disent, on règle ses comptes… Jusqu’à un final qui agit comme un bon gros coup de vent qui chasse les nuages avec, en point d’orgue, un beau et grand moment d’émotion. Bref, on se laisse prendre et on s’attache à tous ces personnages qui nous ressemblent tous plus ou moins.
N’hésitez pas à plonger dans ce Grand bain qui constitue un excellent moment de détente pour l’été…

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