mercredi 18 mars 2009

Chat et souris


Théâtre de la Michodière
4bis, rue de la Michodière
75002 Paris
Tel : 01 47 42 96 77
Métro : 4 septembre / Opéra

Une pièce de Ray Cooney
Adaptée par Stewart Vaughan et Jean-Christophe Barc
Mise en scène par Jean-Luc Moreau
Scénographie de Charlie Mangel
Avec Alex Métayer (Jean Martin), Roland Marchisio (Gilbert Jardinier), Maria Blanco (Mathilde Martin), Eliza Maillot (Charlotte Martin), Benjamin Wangermee (Guillaume Martin), Adeline Zarudiansky (Alix Martin), Thierry Liagre (Jardinier père)

Ma note : 8/10

L'histoire : Tout va bien pour Jean Martin, chauffeur de taxi, marié depuis vingt ans à Mathilde, à Montreuil et, en même temps, à Charlotte, à Ivry.
Jean Martin a également deux adorables enfants, Alix à Montreuil, et Guillaume à Ivry.
La vie est belle... Son secret est bien gardé... Jusqu'au jour où les deux ados découvrent que, sur Internet, on peut faire des rencontres...

Mon avis : Une incroyable performance ! J'avais vu cette pièce à sa création avec Jean-Luc Moreau et Francis Perrin et j'avais été époustouflé par le rythme infernal que ces deux comédiens imprimaient à la pièce... Et bien, sans que cela puisse leur faire une once d'ombre, j'ai été encore plus sidéré par la dynamique totalement échevelée que donnent à cette nouvelle version Eric Métayer et Roland Marchisio. Leur travail est d'une précision quasi chirurgical. On dirait que ça part dans tous les sens, au contraire. Tout est parfaitement maîtrisé, millimétré. D'ailleurs, Roland Marchisio rencontré à l'issue de la 450ème reorésentation, affirmait avec le plus grand sérieux qu'il jouait le personnage de Gilbert comme s'il s'agissait d'une tragédie. Car ce pauvre Gilbert Jardinier vit effectivement la pire journée de son existence. C'est un véritable cauchemar que lui impose son ami Jean (Eric Métayer). Et si Roland tombait un tant soit peu dans la gaudriole et dans la désinvolture, la mayonnaise ne pourrait pas prendre.
Autant Eric Métayer s'agite et se déchaîne, autant Roland doit essayer de temporiser, de trouver des explications plus ou moins heureuses, de protéger son copain au-delà du raisonnable.
On voit bien que les deux hommes se connaissant bien. leur complicité fait merveille. Ils ont tous deux un sens aigu du cartoon. Eric en Woody Woodpecker survitaminé, Roland en Droopy dépassé par les événements. C'est cette opposition de style qui, comme pour tous les bons binômes, fait que cette pièce fonctionne aussi bien.

Bien sûr que cette histoire est totalement invraisemblable, énorme même. Mais on s'en fout. On en accepte le postulat dès le départ et on n'a plus qu'à se laisser emporter par une déferlante de quiproquos et de rebondissements en tous genres. Il faut tout de même saluer le brio de l'auteur anglais, Ray Cooney, qui réussit à nous tenir en haleine avec un sujet aussi mince. Et il se permet même de nous concocter une fin vraiment inattendue. Du grand art.

Métayer et Marchisio sont également fort bien épaulés par les deux "madame Martin", Maria Blanco et Eliza Maillot, qui tiennent avec un sérieux imperturbable leur rôle de femmes qui cherchent à comprendre, à analyser, et à arranger les choses. A la fois éléments stabilisateurs et déclencheurs, elles sont un peu notre projection sur scène car, comme nous sommes dans la confidence de la double vie de Jean Martin depuis le début, nous ressentons d'autant plus de jubilation devant leur incompréhension grandissante face aux gesticulations de l'un et aux embarras de l'autre. La mécanique est parfaitement huilée. Le résultat, imparable.
Tout le monde est au diapason de la folie ambiante, avec mention spéciale à Thierry Liagre, qui joue le sémillant et libidineux père de Gilbert Jardinier. Il n'y a guère que le jeune comédien qui joue Guillaume qui soit, à mon goût, un peu en dessous avec un jeu un tantinet trop appuyé. Mais c'est une goutellette d'eau dans une cascade de drôlerie burlesque, un véritable tourbillon de folie. On sort totalement épuisés pour Eric et Roland. Ils doivent y laisser quelques grammes chaque soir. Un simple double clic avec la souris menant à ce "chat" et on se prend une double claque... de plaisir. Une pièce qui se veut sans prétention, mais qui s'avère être tout de même un hallucinant tour de force. Chapeau messieurs-dames !

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