vendredi 11 avril 2008

Passe passe


Une comédie de Tonie Marshall
Avec Nathalie Baye (Irène Montier-Duval), Edouard Baer (Darry Marzouki), Guy Marchand (Pierre Delage), Mélanie Bernier (Sonia Yacovlev), Joey Starr (Max), Maurice Bénichou (Serge), Bulle Ogier (Madeleine), Sandrine Le Berre (Carine), Michel Vuillermoz (Sacha Lombard)
Sortie le 16 avril 2008

Ma note : 4/10

L'histoire : Une sortie d'autoroute manquée et voilà comment Darry Marzouki, prestidigitateur au chômage, croise la route d'Irène Montier-Duval, une bourgeoise chic dont le sac Hermès se révèle rempli de billets de banque. Par amour, elle a servi d'intermédiaire dans une vente d'armes entre un ministre français et la Corée. L'affaire s'étant ébruitée, le ministre veut lui faire porter le chapeau. Dans sa fuite, elle propose à Darry de le payer pour qu'il la conduise à Genève dans sa belle BMW. Le hic, c'est que la voiture n'appartient pas à Darry. Il l'a volée sur un coup de tête à son beau-frère, un type borné qui promet de l'étriper s'il ne la rend pas...

Mon avis : Passe passe, impair et... manqué !
Par quel désastreux tour de magie Tonie Marshall a-t-elle pu rater ce film ? On a l'impression d'une cuisinière qui a à sa disposition les meilleurs produits et les ingrédients les plus délectables et qui sert pourtant un plat totalement indigeste. Quand même ! Nathalie Baye est, comme d'habitude, épatante ; Edouard Baer, excellent ; Joey Starr, la bonne surprise du film, est détestable à souhait ; Mélanie Bernier est terriblement séduisante... Mais hélas...
La faute à un scénario maladroit et fumeux dans lequel on ne rentre pas une seconde. Pour en revenir à la métaphore culinaire, on ne sait pas ce qu'on mange. Quelle sensation de gâchis !
Et pourtant les personnages - surtout les deux principaux - sont là. Ils sont magnifiques tous les deux. Nathalie Baye campe avec maestria une bourgeoise écervelée, fofolle, épicurienne, insouciante. Elle excelle dans ce genre de composition décalée... Edouard Baer est absolument touchant en looser magnifique, rêveur, idéaliste et désanchanté... Mélanie Bernier est lumineuse, elle dégage un charme incroyable, aérien ; et voilà qu'on l'affuble de ce redoutable syndrome dit de Gilles de la Tourette, ce toc qui voit la personne qui en est atteinte se mettre soudainement à déverser des tombereaux d'insanités, d'injures et autres grossièretés. On aurait pu trouver ça rigolo, mais ça tombe complètement à plat et on en est affligé pour elle.

Le début, déjà, est longuet. Une absence de rythme qui va s'étirer tout au long du film. Le scénario est truffé d'incohérences et il y a même des personnages qui s'avèrent totalement inutiles, sauf à disperser et retarder l'action. Le diplomate-crooner coréen par exemple. On se demande ce qu'il vient faire là-dedans. On aurait pu s'en passer... Et puis il y a l'histoire elle-même. A trop vouloir glisser des clins d'oeil appuyés vers l'affaire Elf, les ventes d'armes, Christine Devier-Joncours et Roland Dumas, on s'égare inévitablement.
Enfin, il y a toute cette débauche de luxe. Le film en est dégoulinant. C'est un défilé de marques et d'enseignes toutes plus prestigieuse les unes que les autres. Ce n'est plus un film, c'est un panneau publicitaire. Hermès, le Ritz, Gucci, etc... devraient figurer au générique au côté des acteurs.
C'est dommage, car elle a du talent madame Marshall. Comment, elle qui s'était révélèe si Tonie... truante dans Vénus Beauté, a-t-elle pu sombrer dans cette cata... Tonie ?
Je suis plutôt bon public et facilement porté à l'indulgence. Lorsqu'on voit en outre associés sur une affiche les noms de Nathalie Baye et d'Edouard Baer, on se délecte à l'avance du bon moment que l'on va passer. Quand on a sous la main deux comédiens de cet acabit, de cette folle inventivité, on leur concocte un scénario aux petits oignons, que diable ! Or, on attend le tour de passe-passe et le lapin qui sort du chapeau est famélique et atteint de myxomatose.
Spectateur, passe, passe ton chemin et attend tranquillement le 30 avril pour aller voir Deux jours à tuer, le nouveau film de Jean Becker...

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