mercredi 19 décembre 2007

Alizée "Psychédélices"


Ma note : 6/10

Mon avis : Voici un retour au premier plan très attendu. On pouvait craindre que la maternité succédant à quelques années d'un succès ébouriffant au moment où la vie est la plus tendre et la plus fragile allait brutalement écrabouiller la Lolita sous le double poids de la femme et de la maman ; on n'était même pas sûr qu'elle ait profondément envie de remettre ça. D'ailleurs - et c'est ce qui est louable et estimable chez cette toute jeune femme - son peu d'appétence pour la gloire et les honneurs lui permet d'envisager les choses uniquement sous l'angle du plaisir et non sous celui du vil aspect commercial.
Or donc, à partir du moment où elle avait pris la décision de s'y recoller, il fallait que l'Alizée souffle très fort pour tourner les lourdes pages du premier chapitre de sa carrière écrit par le tandem redoutablement efficace Mylène Farmer/Laurent Boutonnat. Adieu les pygmalions, place à un jeune lion, ce Châtelain qui l'a faite reine en son joli royaume musical. Pétri de talent, ainsi que le fit en son temps Jean-Jacques Debout pour Chantal Goya, le Jérém a eu l'élégance de mettre de côté ses propres ambitions (très légitimes) pour ne se consacrer qu'au nouvel album de sa dulcinée. On la reconnaît bien sa patte !
Finalement, l'écueil essentiel qui résidait à l'élaboration de cet album, ce n'était pas les mélodies, mais les textes. Vu son récent passé, Alizée ne peut pas chanter des mièvreries. Il lui faut à la fois du fond et du trompe l'oeil. On a donc fait appel à la plume ébouriffée de Jean Fauque, le parolier attitré du sieur Bashung. Ce parti pris de textes alambiqués saupoudrés de second, voire de troisième degré, est à double tranchant. Autant ça peut fonctionner sur certaines chansons, autant, quand le don ne devient qu'une sale manie (merci Brassens), on en oublie le sens pour ne retenir que le son. Si bien qu'à l'écoute de cet album, on en vient parfois à avoir furieusement envie d'une chanson toute simple où les choses sont exprimées normalement...

Mais il reste heureusement suffisamment de jolis titres pour que l'on accorde plus de la moyenne à notre charmante Alizéenne. Personnellement, dans l'ordre de leur apparition sur la galette, j'ai une préférence marquée pour Mademoiselle Juliette, sa pop sautillante, fraîche et tonique et son refrain qui grave si bien son sillon dans notre tête ; Fifty Sixty, c'est Ex-fan des Sixties revisité avec références au Velvet Underground et énumération de marques célèbres et de lieux mythiques (mais on est obligé de lire le texte sur le livret pour en saisir toute la saveur), avec en prime un passage rappé avec voix trafiquée dans l'écho ; J'aime bien Mon taxi driver, son texte habile émaillé d'alitérations élémentaires, son interprétation gentiment sensuelle ("Feu vert mon lover, goûte la saveur sous mon pull-over"...), sa mélodie délicieusement lancinante ; de Jamais plus, je n'ai su apprécier que le refrain ; Psychédélices est un petit bijou tant par son arrangement truffé de sonorités originales, que par son climat envoûtant souligné par la voix traînante et dans le souffle d'Alizée (c'est joli, non, "le souffle d'Alizée" ? Ce pourrait être un titre de chanson !) ; ce n''est qu'à la troisième écoute que j'ai décollé sur le Décollage signé Oxmo Puccino. J'aime bien la façon qu'a Alizée de prononcer les mots en "ion" et l'arrangement est bien ficelé ; Lilly Town est la petite cousine de Fifty Sixty. Construite de façon identique, elle abonde en références en tous genres que l'on aurait négligemment jetées dans un shaker et qui, une fois secouées, ressortent comme autant de bulles extravagantes, a priori peu compatibles, mais finalement pas si anodines que ça : les Stones et les Beatles côtoient la Motown et Al Capone, Gandhi surgit dans le sillage de Paris Hilton ! C'est gonflé, mais ça sonne, et le charme agit... En plus, ce n'est pas une chanson évidente à chanter ; enfin, j'ai un gros faible pour Idéaliser ( "Idéale Alizée" ! Tout le contraire d'une "Fauque" de goût...). C'est peut-être là la chanson toute simple que je réclamais en début de critique. Une ambiance diaphane, un délicat piano châtelinesque, des cordes discrètes et légères, c'est très agréable à écouter ; un mot quand même à propos de L'effet, chansonnette-comptine déclaration d'amour d'une maman à sa fifille : j'estime - mais cela n'engage que moi - que ce texte empli de douceur et de tendresse eût mérité une autre mélodie...

Voilà, il ne vous reste plus à votre tour qu'à remonter les "chants Alizée" en sa charmante compagnie... Et Dieu que sa salopette a bon dos !!!

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